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Умом Россию не понять,
Аршином общим не измерить:
У ней особенная стать -
В Россию можно только верить.

Nul mètre usuel ne la mesure,
Nulle raison ne la conçoit.
La Russie a une stature
Qui ne se livre qu'à la foi.

Fiodor Tiouttchev (1866)

 

 

Да, и такой, моя Россия,
Ты всех краев дороже мне.
А. Блок


Люби Россию, ибо она мать твоя, и ничто в мире не заменит тебе её.
Казачья заповедь

 


Праздники России


 
6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 18:04

 

A la fin des années 1920 et pendant la première moitié des années 1930, le gouvernement soviétique cherche à financer l'industrialisation et il se met à piocher dans les collections du plus grand musée du pays, l'Ermitage de Léningrad. Peu importe le préjudice pour le patrimoine national, le pays a besoin de devises. Des centaines d'oeuvres sont vendues à l'étranger, des van Eyck, Titien, Rembrandt, Raphaël, Botticelli, Rubens, van Dyck, Hals, Velázquez, des objets en or, en argent... Certaines oeuvres faisaient partie des collections depuis l'époque de Catherine II.
 

madone-alba-w.jpg Raphaël
La Madone d'Alba

  env.1510

Acheté par Andrew Mellon en 1931
National Gallery of Art, Washington
  

 

La Madone d'Alba fait partie des oeuvres vendues. Elle avait été achetée par le tsar Nicolas Ier en 1836. On peut voir le tableau de Raphaël sur les aquarelles d'Edouard Hau (Гау).palais-hiver.jpgLe cabinet de l'impératrice Alexandra Fédorovna, l'épouse de Nicolas Ier, au palais d'Hiver.

edouard-hau-ermitage-1.jpgUne des salles italiennes du Nouvel Ermitage en 1860


"Il y a des gens, communistes et marxistes, qui sont contaminés par cette idée que nous avons besoin des Rembrandt et des Raphaël et qu'on ne peut pas les vendre. Quant à moi, j'attache plus de prix à la Gosbank et aux valeurs or, et Rembrandt, que le diable l'emporte! Il faut se débarrasser de la routine." 

Extrait du procès-verbal de la réunion de la Commission gouvernementale pour la surveillance de la sélection et de la vente des antiquités, juin 1929.

"Antikvariat" est l'organisation soviétique chargée d'organiser les exportations massives. Son premier président A.M. Ginzburg avait eu cette réflexion en examinant les collections de l'Ermitage: "Est-ce qu'il y a vraiment des imbéciles prêts à donner de l'argent pour ça?". Pas étonnant quand on sait que l'Antikvariat n'était pas dirigée par des spécialistes mais par des politiques membres du parti. Même le gouverneur de la Gosbank disait de ce Ginzburg "C'est un bon camarade, mais il commence seulement à distinguer Raphaël de Rembrandt".

"Raphaël ne vaut pas un centime".
De quoi a b
esoin la Russie? "D'un cordonnier, d'un tailleur, d'un boucher..."
(l
e nihiliste Bazarov du roman Pères et fils de Tourguéniev)



calouste-gulbenkian.jpg





Les premières
 ventes profitent à l'homme d'affaire arménien Calouste Gulbenkian, le fondateur et l'un des propriétaires de la Iraq Petroleum Compagny.








andrew-mellon.jpg



L'un des principaux acheteurs est le banquier américain Andrew W. Mellon (1855-1937), secrétaire d'Etat au Trésor de 1921 à 1932 et amateur d'art. Il fait don au gouvernement américain d'une vingtaine de tableaux provenant du musée de l'Ermitage. Ils sont devenus le coeur de la National Gallery of Art de Washington que Mellon a contribué à fonder.







rembrandt-gulbenkian.jpgRembrandt, Portrait d'un vieillard, env. 1645
Acheté sous Catherine II. Vendu en 1930.
Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne

titien-venus.jpgTitien, Vénus au miroir, env. 1555
Acheté sous Nicolas Ier. Vendu en 1931.
National Gallery of Art, Washington

van-dyck-mellonA. Van Dyck, Portrait de Suzanne Fourment et sa fille, 1621
Acheté sous Catherine II. Vendu en 1930.
National Gallery of Art, Washington

velazquez.jpgD. Velázquez, Portrait du Pape Innocent X, env. 1650
Acheté sous Catherine II. Vendu en 1930.
National Gallery of Art, Washington

annonciation-van-eyck.jpg



La situation du pays est dramatique, la crise mondiale n'arrange rien, mais les sommes tirées de ces ventes à l'échelle de l'économie du pays sont insignifiantes, c'est une goutte d'eau ! Pendant de longues années, on s'en doute, l'exportation du patrimoine artistique est tenue secrète. La version officielle après la mort de Staline attribue à la guerre, aux incendies et autres catastrophes naturelles la perte d'une partie du patrimoine des musées! Une employée de l'Ermitage a raconté, après avoir quitté l'URSS, qu'en 1930 le directeur du musée lui avait demandé un jour de rester après le travail, de décrocher L'Annonciation de van Eyck (acheté sous Nicolas Ier) et de porter le tableau le soir même au commisiariat du Commerce extérieur. Le directeur lui ordonne aussi de revoir l'accrochage des tableaux sur le mur, afin que la disparition de L'Annonciation ne saute pas aux yeux des visiteurs. Le tout avec interdiction de poser la moindre question. L'Annonciation fait partie des tableaux vendus à Andrew Mellon et exposés à la National Gallery of Art à Washington.






  Certains tableaux vendus à Andrew Mellon sont  revenus à l'Ermitage le temps d'une exposition. J'ai ainsi eu la chance d'admirer la Madone d'Alba de Raphaël en 2004.

De nos jours, l'Ermitage possède encore deux tableaux de Raphaël, la Madone Conestabile, achetée en 1870 pour l'impératrice Marie Alexandrovna, et la Sainte Famille, achetée sous Catherine II en 1772. L'Ermitage abrite également les Loges de Raphaël, une copie de celles du Vatican, une commande de Catherine II.

 
Pour les russophones, un documentaire sur le sujet. Les musées ne sont pas à vendre !



A lire aussi d'Elena A. Osokina dans les Cahiers du Monde russe vol. 41, N°1  (sur la première période de l'exportation).





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commentaires

Oxana 01/05/2013 13:43

Bonjour Lizotchka,

Enfin un nouvel article attendu avec beaucoup d'impatience ! Je te remercie beaucoup pour cet article et pour le documentaire qui sont très intéressants. J'aime beaucoup les tableaux "Portrait d'un vieillard", "Vénus au miroir" et "L'Annonciation". Je sais beaucoup de choses sur l'histoire de l'URSS, mais j'avoue que je ne connaissais pas cette histoire-là. C'est en tout cas bien dommage que les soviétiques ont vendues des œuvres si belles et qu'elles ne sont plus au musée de l'Ermitage, mais heureusement, elles sont encore bien conservés.

До скорой встречи!

margareth 14/04/2013 20:01


Hélas ! En France encore à notre époque, j'entends des gens qui s'expriment comme Bzarov ! Ce qui laisse craindre que les plus belles créations culturelles sont toujours en sursis, jamais à
l'abri des mouvements nihilistes ou du fanatisme religieux ou idéologique.

Aimela 07/04/2013 09:57


Un article très intéressant là encore, dommage que je  ne parle pas le russe  afin de comprendre la vidéo. bonne journée

Framboise44 07/04/2013 09:15


ces ventes de tableaux me font penser à la destruction chez nous en France des abbayes , chapelles, églises et oeuvres religieuses pendant la révolution de 1789.


de nos jours on retrouve ce même acharnement dans les pays du Maghreb ...


C'est terrible de voir autant d'archarnement à détruire ou à se débarrasser des oeuvres d'art !

DENIS 06/04/2013 21:08


article très intéressant